Black Subjectivity et gants blancs aux Etats-Unis

Can women artists take back the
nude from a voyeuristic male gaze
as a site to represent their own
subjectivity ?
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Ci-dessus: Photogramme de The Watermelon Woman à 5’ 03

[04:05] (cassettes et papiers journaux entassés, chambre de travail, une
gomme sourire, un pot, des stylos, des petites boites en plastique, du
scotch, la couverture Plantation Memories, chaise en bois, feuilles et
post-it au mur, un cadre et des silhouettes)

Le travelling est stoppé «maladroitement». Cheryl apparaît frontalement
dans le champ, s’assoit, grand sourire, clipse le micro cravate à son tee-shirt blanc, prend sa respiration.

  • Cheryl: Hi, I’m Cheryl and I’m a filmmaker, (petit rictus, comme mimer une hésitation), hum…, no, I’m not really a filmmaker. But I have a videotape with my friends Tamara and I work in a videostore, so I’m working on being a filmmaker. The problem is I don’t know what I want to make a film on. I know it has to be about black woman because our stories are never been told. So, I’ve been renting movies, no, i haven’t been renting movies. But, I get movies from the video store that I work at and I’ve taking all the films at from the 30’s and 40’s of Black actresses in them like, Hattie Mc Daniel, Louise Beaviors, and, hum, in these films, in some of these films, the black actresses are not even listed on the credits, and i was just totally shocked by that.

Ci-dessus: Photogramme de The Watermelon Woman à 5’ 23

Ci-dessus: Photogramme de The Watermelon Woman à 6’ 20

Cheryl, dans sa chambre, frontalement face caméra, continue de présenter son projet.

  • Cheryl: So, in this one film that came in the video store, Plantation Memories, I saw the most beautiful black mammy, named Elsy, and I just have to show this.

Cheryl appuie du doigt sur quelque chose hors champ (la télévision?),
elle court derrière la caméra, attrape la poignée, travelling vers la gauche.

(Une petite télé cathodique, une image en noir et blanc. Souvenirs de
la plantation. Sur l’écran, plan large. Un arbre. À la base de l’arbre, une femme courbée, signifiant une émotion, vêtue de blanc . De l’arrière plan accourt une autre femme, vêtue de blanc. Gros plan sur la femme qui
court, le visage marqué d’inquiétude, les sourcils froncés. Plan moyen,
travelling de la femme qui court et tend un mouchoir blanc vers le visage
de l’autre femme.)

  • Elsie: Oh don’t cry missy, Mr Charms is coming back for sure, I know he is.
  • Mrs Barbara: Do you really think so Elsie ?

Des champs, contre-champs, entre un plan moyen des deux femmes, et
des gros plans sur le visage d’Elsie.

  • Elsie: Oh Yes Mrs Barbara, I know he is. I pray to that all night long this night, these little angels told me he’s coming back, back to you.

Une tâche à l’arrière d’Elsie et Barbara. Une tâche qui bouge.

Ci-dessus: Photogramme truqué de The Watermelon Woman à 6’25 avec une incrustation de Mlle Bourgeoise Noire de Lorraine O’Gradhy (voir plus haut)

La caméra quitte la scène et zoom, zoom, zoom.

Une silhouette vêtue de blanc, comme un ange.

Mlle Bourgeoise Noire.19

Elle court, vêtue de sa cape blanche, les 180 paires de gants blancs, le
diadème et l’écharpe. Elle tient son fouet de chrysanthèmes blanches, elle fouette l’air, fouette et fouette.

  • Ne nous mentons pas,
    je suis une femme marquée,
    mais tout le monde ne connaît
    pas mon nom,
    «pêche» et «sucre brun»,
    «Saphir» et «Terre Mère»,
    «Auty» et «Granny»
    «la femme noire sur le podium»,
    je personnifie un ensemble
    d’identités confondues,
    un espace de rencontres entre
    investissement et privation,
    au sein du trésor national de
    la richesse rhétorique.
    Mon pays a besoin de moi et si
    je n’existais pas ,
    il faudrait m’inventer.
    20
  1. O’GRADY Lorraine, The Cave, Lorraine O’Grady on Black Women
    Film Directors,
    1992 (texte extrait de l’ouvrage: D’SOUZA Aruna, Lorraine O’Grady, Writing in Space 1973-2019, Duke University Press, 2020 [livre découvert au hasard à la librairie After 8]
  2. O’GRADY Lorraine, Mlle Bourgeoise Noire, 1981
  3. SPILLERS Hortense J., Mama’s Baby, Papa’s Maybe, An American Grammar Book, The Johns Hopkins University Press, 1987
    20bis. LORDE Audre, Transformer le silence en parole, 1984 (texte extrait de l’ouvrage: LORDE Audre, Sister Outsider, Mamamelis, 1984) [livre découvert et redécouvert à chaque discussion qui m’y
    emmenait: avec SofÍa Quintero Hernandez, Anne Kawala,
    Liz Escalle-Dyachenko]

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